Poème : Chants de l'Aède
PRECIOSA
Cesse de t’affliger, ô femme inconsolée,
De tes joues infléchies, essuie le sel des larmes,
Relève ton beau front, ne sois plus désolée,
Coiffe tes longs cheveux, rejette tes alarmes.
Car je te bâtirai les plus hautes murailles
Sur des fondations d’or, aux créneaux de saphir.
Je tisserai d’argent une cotte de mailles
Et j’y incrusterai tous les joyaux d’Ophir.
Dans les plus purs diamants, je taillerai les portes
Qui mènent à ton cœur pour les garder fermées.
J’en forgerai la clef en arabesques tortes.
Moi seul accèderai aux soupirs de l’aimée.
J’élèverai des tours et des chemins de ronde
Autour de ton corps blanc, de tes lèvres vermeilles.
D’opales, de grenats, de perles vagabondes,
Je parerai ton lit pour que tu t’émerveilles.