Poèmes : Chants des pendus
Chant des pendus
CORDES
Quand l'heure sonnera, quand viendra l'échéance,
Ne versez pas de pleurs sur notre déchéance.
Nous avons persisté en vaines tentatives
Mais un juge a tronqué nos destinées hâtives.
De la corde, à nos cous, le mortel frôlement
Nous suspendra d'un coup, gigotant drôlement !
(Pisanello)
ECOUTE
Ô toi qui es dans la détresse
Qui t'accordera la sagesse ?
Tais-toi, ne parle pas sans cesse,
Ecoute-moi, hais la paresse,
Cultive le discernement
Pour savoir qui dit vrai, qui ment.
Plonge tes regards dans la loi.
Vers les hommes de bon aloi,
Dirige-toi sans hésiter.
Acquiers la perspicacité.
Le mauvais monte vers sa mort,
Qu'importent regrets et remords...
La sagesse te garde en vie.
Aux sots ne porte pas envie
Et ne te laisse pas séduire
Par ceux qui toujours veulent nuire.
Du droit chemin ne dévie pas.
Résiste aux funestes appâts
Du gain injuste et désastreux.
Ecoute et tu seras heureux,
Les sentences d'un vieux brigand
Jadis brutal et arrogant.
Quand je guettais les innocents
Et par plaisir versais le sang
Je raillais la connaissance,
Je me targuais de l'excellence
De mes choix et de mes conseils.
Ils sont meilleurs, fais-en ton miel,
Ceux qu'aujourd'hui je te dispense.
Et je te parle d'expérience.
Ecoute ma voix sans attendre
Car tout à l'heure on va me pendre.