4 POEMES, 4 PERSONNALITES

Publié le par Aelghir

                                       LACHE

 

 

 

Le passé me détruit, l’avenir m'épouvante.
Ardentes sont mes plaies, nul lendemain ne chante.
A force d’avanies, je n'ai plus d'espérance.
Le fol hasard déploie ses dés sur la balance.



Mon esprit las faiblit, je rejette le monde.
L'envol des oraisons évitera ma tombe.
Et l’aile du vautour tissera l’or et l'ombre
Avec l'abaissement du néant où je sombre.



J'ai renié mes amis, proféré le blasphème,
Je vais maigre et blanc faucher ce que je sème
L'endurance est sans but, à quoi bon tant de peine ?
Je ne veux persister à vivre à perdre haleine



Je cède sans soupir, je refuse la grâce,
J'effacerai mon nom, c'est là ma seule audace.
L'absence de remord pour cet ultime effort
Fera qu'enfin la mort sera mon réconfort.



                                                        ****************************


                            FAUX DIEUX

 

 

 

Regarde, me disait le dieu d'Ishak, regarde :
L'aigle vole, il fut jadis sur la tour de garde.
Vois-tu ? La faux de son bec dégoutte de sang. 



Regarde, me disait le dieu d'Allion, regarde :
Guette, de peur que l'armée en marche ne tarde !
Vois les filles, les fils. Ce sont tous tes enfants ! 



Regarde, me disait le dieu dément, regarde :
Dans le vallon profond, ce flamboiement qui arde
Quels yeux supporteraient ce soleil éclatant ? 



Regarde, disait le dieu exsangue, regarde :
Cela ne vient-il pas du meilleur chant d'un barde ?
Et serais-tu jaloux qu'un autre ait ce talent ? 



Regarde, disait le dieu écorché, regarde :
Plus en avant, perçois-tu ces faces hagardes
Qui essayent en vain de fuir leurs poursuivants ? 



Regarde, me disait le dieu moqueur, regarde :
Cette laine argentée que tes enragés cardent
La pourpre qui la teint n’est autre que ton sang.



Regarde, disait le dieu inconnu, regarde :

Entends les cris blessants sous les lames blafardes
Et les clameurs des tués hanteront le vent. 



Regarde, me disait le dieu pervers, regarde :
Es-tu si hautain que le plan de la camarde
Te donne de régner sur quelques survivants ? 



Silence, dieux vains ! Car si vous ne prenez garde,
Vos soieries et vos ors bientôt seront des hardes.
J'ôterai à jamais les fumées de l'encens !



                        ********************************



                                             LE MOURANT


Il courbe son grand front aux vents froids de l'hiver
Qui poudrent à frimas son âge encore vert.
Sa chair sera bientôt un festin pour les vers.
Voici son testament tenant en quelques vers. 



J'écris sous sa dictée quels sont ses derniers dons.
A son pire ennemi, il offre son pardon,
Oubliant tous les torts et les sanglants affronts.
Qu'il écoute la voix de parfaite raison ! 



A ses bons compagnons, il cède tous ses livres,
Les tonneaux de sa cave et son envie de vivre.
Qu'ils lisent, boivent tout jusqu'à en être ivres
De vin et d'amitié, car tôt viendra le givre ! 



A ses très chers enfants, il alloue un coeur pur,
La justice, la foi, le chemin le plus sûr
Où marcher dans la paix malgré les temps si durs.
Qu'ils entendent l'appel d'un lumineux futur ! 



Pour sa tendre épousée est son dernier soupir.
Elle eut sur son grand coeur le plus doux des empires.
Entre ses bras dolents, à mourir il aspire,
Son souffle parfumé pour ultime respir. 



A moi, son dévoué, il dit : « Prends mes paroles.
Un fleuve débuta en infime rigole
Qui reçut des cours d'eau une précieuse obole.
Parfaire mon discours, voilà quel est ton rôle. »



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                                        SERMON

 

 

« Pense à nos grands aïeux tout au long du chemin.
De leurs bras disparus, ils soutiendront ta main !
Leur belle intégrité tracera le modèle
Qui devra te guider pour que tu sois fidèle. 



Tu liras les récits des gestes de courage
De nos fiers précurseurs : un précieux héritage !
Ils seront le pivot de toutes les victoires
Qui graveront ton nom au fronton de l'Histoire. 



Evoque Yahizel qui vainquit le dragon,
Yakoush qui abattit le dieu maudit Dagon,
Kroz, devant qui les rois inclinèrent la tête ! 



— Désolé, ton discours ne me dit rien qui vaille.
Le passé est trop lourd, je ne suis pas de taille.
Sur ce, papa, bonsoir, je vais faire la fête ! »

 

Publié dans Poèmes

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A
<br /> De bien belles rimes !<br /> Amitiés<br /> Brigitte<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Bonjour l'Ami,<br /> <br /> Merci d'être passé sur mon blog. Je te réponds par politesse, mais je ne tiens pas à continuer de communiquer avec toi.<br /> <br /> Je n'ai ni tes talents de poète, pas plus que de peintre donc rien de commun avec mon blog.<br /> <br /> Salutations.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Ok ! Retour de politesse... Chacun est libre, heureusement... Toutefois, je dois dire que cette réponse a provoqué chez moi un haussement de sourcils sinon d'épaules. L'éclectisme ne semble pas<br /> devoir être compté au rang des qualités de maître Jacques, dommage. Mes ultimes salutations.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Bonsoir<br /> Je vous souhaite la bienvenue sur "Le cercle des poètes écrivains". Je viens de valider votre inscription.<br /> Amicalement<br /> Brigitte<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Merci pour l'aimable invitation.<br /> <br /> <br />
A
<br /> Bonjour,<br /> Je vous invite (mais nulle obligation) à vous inscrire sur mon topsite "le paradis de poètes écrivains méconnus"<br /> amitiés<br /> Brigitte<br /> <br /> <br />
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H
<br /> bonsoir.<br /> j'aime particulièrement "le sermon"!<br /> Sans bouder mon plaisir sur les autres textes.<br /> Amitiés<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Merci.<br /> Le sermon est traité avec humour, ce qui est rarement le cas pour mes autres poèmes, plus sombres (contrairement à mon caractère !!! mais sans doute est-ce une part de moi que je ne laisse<br /> s'exprimer que par la catharsis de l'écriture)<br /> <br /> <br />