Poèmes
L’Autre
Quel crime ai-je commis qui m’accuse et m’impose,
Hors de mon droit chemin, l’indiscrète présence ?
En souverain déchu de ma propre existence,
À quel renoncement cette intrusion m’expose ?
Captif contre mon gré de l’amour qui m’élit,
Je me vois investi, confrontant ce visage,
Du rôle impératif d’irrécusable otage.
À ce ravissement, l’hostilité s’allie.
Je ploie sous le fardeau d’aimer à contrecoeur.
La passion me contraint et me veut vulnérable.
Son rusé dénuement ouvre à l’inéluctable
Ma quiète indifférence et raille ma douleur.
D’un amour éprouvant, je suis l’unique cible.
Pourrai-je pardonner de devoir accepter
La sentence rendue afin de me dompter ?
Je me révolte en vain contre l’irréversible.
Sonnet enneigé
Écoute comme en songe, au long de notre errance,
Les notes suspendues sur la portée du vent
Du soyeux bruissement de la neige qui danse
Et se pose sans bruit sur les tombes en rang.
Nous passons indécis auprès de tant d’absences
Que le temps investit d’un linceul froid et blanc
Et les noms effacés opposent leur silence
Aux inquiètes questions qui glacent notre sang.
Nous rebroussons nos pas entre les stèles nues.
Dans le chemin ancien des gisants inconnus,
Mon rire sonne faux, soudain tu me fais taire.
Sous le marbre muet, nous dormirons trop tôt,
Et serons étendus sous cet épais manteau.
Alors ? En attendant, fuyons ce cimetière !
Deux poèmes écrits pendant une surveillance de concours ( centrale supélec... je ne risquais pas de me ploger dans les sujets de math, physique, chimie super ardus )